Les Cancres de Rousseau d'Insa Sané - Chronique n°375

Titre : Les Cancres de Rousseau - Une comédie urbaine
Auteur : Insa Sané
Genre : Contemporain
Editions : Sarbacane (collection Exprim')
Lu en : français
Résumé : C’est l’année ou jamais pour Djiraël. Il est en terminale et il a la chance de se retrouver dans la même classe que ses potes de toujours : Armand, Sacha, Rania, Doumam et Jazz. En plus, le prof principal, c’est Monsieur Fèvre – le seul prof à s’intéresser à eux… Il ne manque au bonheur de Djiraël qu’un baiser de Tatiana, qu’il convoite depuis la Seconde. En tout cas, Djiraël a décidé que cette année serait inoubliable. Aussi, quitte à se mettre l’administration à dos, il fera en sorte que l’éclate passe avant le baccalauréat. Le bonheur ne se conjugue pas au futur… Sauf que Monsieur Fèvre va avoir besoin d’aide. Et qu’il faudra donc, pour Djiraël, faire le choix entre sa quête d’amour, son intérêt personnel, les promesses faites à ses amis, et la nécessité d’agir selon son devoir. Parfois, on a décidé d’un truc et finalement on fait tout l’inverse.

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Un grand merci aux éditions Sarbacane et en particulier à Lucie pour cet envoi ! 

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Sarcelles, une classe de Terminale, un an pour réaliser le but d'une vie de lycéen - que dis-je, le but d'une vie - : séduire enfin Tatiana. 
Et la tâche n'est pas facile.
Heureusement, Djiraël peut compter sur ses amis de toujours, au cours de ces derniers mois avant que leurs chemins ne divergent franchement. Et une chose est certaine, il fera tout pour que leur Terminale soit inoubliable, quitte à batailler pour être élu délégué de la promo, organiser des soirées clandestines ou faire des heures de soutien scolaire à Armand pour que celui-ci décroche son bac. 
Mais Djiraël est bien vite confronté à ses propres contradictions, et se retrouve dans l'obligation de faire des choix...

Voilà pour Les Cancres de Rousseau.
Sauf que non.
Ce livre est beaucoup plus qu'une plongée dans une bande d'amis : c'est une odyssée lycéenne, c'est une Comédie Urbaine ! Au fil de la narration d'un Djiraël à l'humour ravageur, on est saisi d'affection pour cette bande aussi hétéroclite qu'harmonieuse, faite de personnalités hautes en couleur. Insa Sané maîtrise ses personnages, il leur donne vie dans le moindre dialogue, et parvient à créer l'impression rare que l'on connaît Djiraël, ce cancre qui parle comme un intellectuel du XIXème siècle, Jazz, qui ne rêve que musique, Sacha, que l'on n'a pas intérêt à contredire ou encore Armand et son incapacité quasi-pathologique à retenir la moindre leçon. 

Les Cancres de Rousseau fonctionne diablement bien, parce qu'il ne s'agit pas d'un roman qui se force à tenter de sonner juste. Il sonne juste, tout court, il est honnête, avec ses personnages, avec son ton. Le lecteur reçoit l'histoire pour ce qu'elle est, dans sa fougue adolescente, sa joie de vivre, mais également ses angoisses. Djiraël doute de lui, de la personne qu'il a envie de devenir, des choix qu'il veut faire et de leurs conséquences. 

L'histoire démarre doucement, naturellement, sans préparer à la justesse avec laquelle elle vient se confronter de façon sensible des problématiques terriblement préoccupantes, comme la sacro-sainte "intégration" prônée alors même qu'aujourd'hui encore, avoir la peau noire signifie devoir faire attention à son comportement en face d'un policier ou se voir refouler à l'entrée d'une bibliothèque si on a le tort de vouloir y rentrer en groupe.

Rien n'est dit de façon lourde, ou en appuyant de façon exagérée. L'auteur délivre ici son propos avec une pertinence incontestable qui touche profondément le lecteur, qu'il soit familier de ce que peut être la vie quotidienne de Djiraël et de ses amis ou non. Oui, c'est la banlieue. Mais non, ça ne se réduit pas à cela. 

On tourne les pages avec avidité et enthousiasme, tour à tour amusé par une des plaisanteries douteuses de Dji, ému par ses questionnements, révolté par les injustices auquel il est confronté, mais avant tout ravi de passer ces quelques pages en sa compagnie. C'est frais, enlevé, sans être dénué d'une véritable profondeur. C'est réussi, tout simplement, mais qui pourrait douter de cela de la part d'un roman Exprim' ? 


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